Nous pensons que la tension narrative (actualisée en effets de curiosité, de
suspense ou de surprise) permet de définir les principaux jalons des séquences
qui configurent les récits en mettent en évidence des incertitudes
stratégiquement
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1688 produites, maintenues et finalement résolues dans le processus de la
lecture linéaire (cf. Baroni 2002a). L'importance de ces « tensions », qui sont
fondées sur un décalage épistémique provisoire dans la relation asymétrique
qu'entretiennent auteurs et lecteurs de textes de fiction, contraste fortement
avec les efforts permanents que déploient dans un dialogue des interlocuteurs
qui cherchent à transmettre une information aussi
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5803 efficacement que possible en respectant (ou en exploitant) des maximes
conversationnelles implicites. Ce contraste suggère que les maximes «
littéraires » pourraient ressembler à des maximes du second degré par rapport
aux maximes « conversationnelles », du fait qu'une transgression systématique de
ces dernières finit par produire une certaine régularité normée[8].
Il faut
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1873 encore préciser que si des maximes du « second degré » sont
envisageables dans le contexte des récits configurés par une intrigue, une
transgression de ces dernières est évidemment envisageable et elle est tellement
fréquente qu'elle a engendré de véritables « genres transgressifs[9] » et même
des tendances esthétiques (p. ex. le Nouveau Roman). Bien que nous
reconnaissions le fait, évident au milieu du XXème siècle, que les récits
configurés par une intrigue n'ont pas toujours été ceux qui occupaient
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5879 symboliquement le centre du champs littéraire (cf. Baroni 2004a), nous
pensons néanmoins que la prolifération des « anti-romans » n'a jamais réussi à
effacer le contrat de lecture prototypique des récits configurés par une
intrigue.
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5819 Durant la période où l'intrigue fut rejetée par le « Nouveau Roman » et
certaines œuvres de la « Nouvelle Vague » au cinéma, la continuité culturelle du
protocole de lecture des récits « à intrigue » fut largement assurée par le
succès des œuvres populaires dont le faible capital symbolique était compensé
par l'énorme pouvoir de diffusion. Peut-être que, dans les années soixante,
personne ne croyait plus au rôle de l'intrigue dans les créations « artistiques
» contemporaines, mais on en consommait pourtant tous les jours à la télévision,
dans les salles obscures, dans les bandes-dessinées, dans les romans de gare ou
dans les chefs-d'œuvre du passé.
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