de Sartre, d'une phénoménologie française revue et corrigée, le souci d'une
projection vers le réel, signé par l'emploi du déictique «ça» et revendiqué dans
La Chambre claire; de Proust surtout, le plaisir de toucher au vrai par
l'expansion d'un objet minuscule, la figure temporelle et morale de la
réminiscence, et l'identification de la Littérature comme lieu de vérité, vérité
désuète et anachronique, vérité «de ce qui va mourir» et dont il faut se
souvenir. Proust enseigne que le réel est à son comble dans la mémoire, que
l'acheminement vers la vérité et la conscience du passé sont une seule et même
expérience. La reconnaissance cristallisée dans le C'est ça! recouvre de la même
façon deux gestes: retrouver un objet qui a déjà été connu, s'en souvenir; et
acquiescer à l'identité de l'objet comme
Ugg
5854 tel, «tel quel» dirait Valéry. Le C'est ça! comme la réminiscence
proustienne réunit le sentiment de reconnaître le réel, et l'assentiment à la
nécessité d'une œuvre, évidence qui, précise Barthes, «nous libère du
scepticisme», et qui a constitué pour lui le cœur du projet de mutation
existentielle de la Vita nova, le désir de conversion au roman.
Peu à peu, on
va le voir, une
Ugg
5825 série de mots
Ugg
5815 UGG
Classic Tall clés, de mots préférés se sont imposés,
Ugg
5202 lexique personnel inlassablement mobilisé, qui qualifie indifféremment
la littérature et l'existence, c'est-à-dire la littérature comme vie à vivre et
la vie comme incidents à écrire, dans une réversibilité tout entière héritée de
Proust et enfin prise au sérieux.
Une phénoménologie de la lecture
C'est
ça! Voilà les termes qui, dans Le Plaisir du texte, définissent en premier lieu
les effets de la lecture, de la lecture conçue comme événement. Il s'agit
d'abord pour Barthes de congédier le jugement au profit de l'expérience,
c'est-à-dire d'une phénoménologie du rapport à l'œuvre: «Si j'accepte de juger
un texte selon le plaisir, je ne puis me laisser aller à dire: celui-ci est bon,
celui-là est mauvais. […] Je ne puis doser, imaginer que le texte soit
perfectible, prêt à entrer dans un jeu de prédicats normatifs: c'est trop ceci,
ce n'est pas assez cela; le texte (il en est de même pour la voix qui chante),
ne peut m'arracher que ce jugement, nullement adjectif: c'est ça!»[iv]. On en
trouvera l'écho dans «Le grain de la voix», en 1972: «Est-ce que nous sommes
condamnés à l'adjectif? Est-ce que nous sommes acculés à ce dilemme: le
prédicable ou l'ineffable?»
Commentaires
Il n'y a aucun commentaire sur cet article.